Laisse-la t’envahir, cette douce promesse
Laisse mourir les jours, les regrets les angoisses
Laisse-le s’évanouir, ce passé qui te blesse
Et cette vie broyée comme un papier qu’on froisse.
Une dernière fois, tu ouvriras la bouche
Et tu tendras les bras vers ton amour enfui.
Mais c’est le métal noir du fusil que tu touches
Son goulot sans espoir, son haleine de suie.
Écoute, vieil amant ! Que vogue la bouteille !
Du canon coulera une ivresse certaine !
Enfantée par le plomb bien plus que par la treille
Elle étreindra enfin ton cœur gonflé de peine.
Alors, dans la nausée, tu fermeras les yeux
Ton doigt se crispera dans un dernier effort,
La gerbe hurlera son envol vers les cieux
À peine colorée du rouge de ton corps…